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The Long March (A Prelude), 2018

Five Years Gallery, London, UK

The Long March chronicles the journey of two children on the run. We don’t know what and why they are fleeing, but their voyage sees them cross paths with many other people on the move. They witness the ancestors’ long marches and interact with each of the seven gods of the week; they hear speeches pronounced and secrets whispered; they read the signs on the walls and even find time to play.

The Long March has been conceived under the aegis of Muller's ongoing 7x7 series in which seven leading musicians – Archie Shepp, Terry Riley, Robert Wyatt, Sean O'Hagan, Kassin, Nile Rodgers and Mulatu Astatke – have each collaborated individually with Muller on themes inspired by the mythical associations of the seven days of the week, the seven notes of the scale and the seven colours of the rainbow. 

The Long March emerged from conversations both personal and artistic between Muller and Archie Shepp, the celebrated jazz giant. Originally conceived for a stage show, the large prints on fabric proved, with their subtle transparencies and supple combinations, so rich a language that Muller opted to develop them into a powerful installation material. Wandering amongst them, the viewer embarks on a journey of discovery.

www.fiveyears.org.uk

Cortèges translucides

Ce qui caractérise Jean Pierre Muller, qui pourtant s’écrit sans tiret, c’est le trait d’union. Dans son rapport unique entre la musique et les arts plastiques*, avec Aimé Mpane, à l'AfricaMuseum de Tervuren**, ou lors de son travail pédagogique à La Cambre, il y a dans toute son oeuvre une volonté de rapprocher littéralement les formes et les êtres. Ses collaborations avec Sean O’Hagan, Nile Rodgers, Archie Shepp, et les peintures sonores de la série 7x7, dont la présente exposition reprend la grammaire, en témoignent.

Aux positions moralisatrices de confort, qui procèdent le plus souvent des mêmes mécanismes que ce qu’elles dénoncent, Jean Pierre Muller oppose la superposition, celle des trajectoires et des récits. Slalomant entre les figures imposées sociétales, il oppose les voiles au voile, le travail à la main et la mécanique au verbiage, les questions aux anathèmes.

À rebours de l’art défiscalisé (laideur, absence de technique, discours pseudo-transgressif) dont il ne coche aucune case, il s’inscrit dans une continuité historique tout en s’affranchissant des équations datées. Sa longue marche c’est celle de l’espèce humaine, ses processions, ses retraites, ses conquêtes, ses transhumances et deux enfants qui regardent passer le cortège. Celle de Mao était d’abord une défaite, transformée par la suite en victoire, souhaitons qu’il s’agisse là d’une prémonition. « La tradition est une statue qui marche » (Jean Cocteau). La longue marche de Jean Pierre Muller est une statue qui danse.

Bertrand Burgalat

(*) : alors que les échanges entre ces disciplines se limitent le plus souvent à l’animation de vernissages.
(**) : le sculpteur congolais avec lequel il a conçu le projet RE/STORE, offrant une lecture nouvelle du patrimoine colonial, au moyen de voiles semi-tranparents.

La marche mémorielle de Jean Pierre Müller

La pratique de Jean Pierre Müller est traversée - comme son auteur – par une gourmandise pour un nombre important de territoires (musique, histoire, culture populaire et mythologique, …). Cette appétence se manifestait principalement par une esthétique de la surcharge, du débordement, de l’accumulation. L’usage de supports textiles a permis de conserver ces caractéristiques mais en y ajoutant de la transparence, de la délicatesse contrebutant (comme on le dit d’une arche dans l’architecture gothique) de la sorte la sensation de lourdeur qui pouvait, parfois, mettre à distance de son travail certain visiteur dont j’étais. Ici, on est tout à coup attentif à la variété des traitements de la ligne dans ses dessins, aux motifs, au soin que Jean Pierre Müller met à équilibrer le rapport texte-image et à la couleur.

Chaque étoffe a sa propre capacité à laisser le regard la traverser ou non. L’artiste joue savamment des différentes propriétés : une brillance, un satiné, un effet de motif, un tombé spécifique. Autant de raisons de les utiliser comme de bienveillants adjuvants. Des dialogues s’établissent par superpositions. Une image entre en relation avec une autre malgré leurs origines géographiques et temporelles variées. Se tissent alors différentes expériences, des rencontres d’affinités et de sens. L’usage des étoffes lui permet la constitution d’autels fragiles et recomposables en séquences. Ils témoignent des regards sur l’Histoire. De croisements, d’actes de cruauté, de découvertes, de barbaries.

Un autre lien, moins immédiat, la question de l’espace. Il m’a toujours semblé qu’on ne marchait pas aux Drapiers comme dans d’autres lieux d’art contemporain. En effet, une ruelle relie les deux salles d’expositions, le pas s’y transforme. Il quitte la flânerie pour basculer vers la marche. De nombreuses images reprises par Jean Pierre Müller représentent des êtres marchants (files de prisonniers entravés, militaires, corps expéditionnaires, …) et, s’ils ne se meuvent pas, du moins ils incarnent l’idée de voyages (Christophe Colomb, des missionnaires, des croisés, …). L’ambivalence de ces figures n’est bien entendu pas légère. Ils ne partent pas en pique-nique. Les images gentillettes n’ont pas de place dans le travail. Ici l’on coupe des mains, on les lance, des enfants se font dévorer par des dieux, des illustrations d’entraves s’y devinent.

Ce qui pourrait passer pour un catalogue à charge du passé colonial de notre pays est en fait beaucoup moins univoque. L’ensemble, transfiguré par la maîtrise des éléments constitutionnels du travail, apparaît volontairement déterminé par une forme de beauté. Ainsi s’affirme l’humanité tout entière comme un liant. Celle d’une marche dont l’objectif serait probablement une rencontre. Celle-ci ne nierait aucun pan de nos histoires, nos drames et nos chances et concourrait à tisser un tableau dense, aux strates variées et surprenantes, à la profondeur sans cesse porteuse de surprises et de nouvelles imbrications.

Les figures masculines dominent par leur nombre. C’est le reflet d’une humanité à l’histoire dramatiquement peu égalitaire en terme de genres. Les femmes y sont méditatives, mélancoliques ou aux aguets. C’est le cas de ces deux jeunes filles qui reviennent régulièrement dans les compositions. Il s’agit des filles de l’artiste. Elles sont mises en scènes comme deux figures de la vigilance. Car c’est aussi cela que pointe le travail : une forme de concentration à veiller à la mémoire du monde dans tout ce qu’elle a de délicat, de précieux mais aussi de violent, d’horrible. Le tour de force réside donc à nous donner autant de plaisir à le contempler qu’à nous questionner sur ces histoires. C’est probablement l’un des rôles de l’artiste de nous mettre face à ce qui longtemps nous a fait pudiquement détourner la tête.

Christophe Veys

Closing event with performance by Sean O'Hagan (High Llamas, Microdisney)

Sean composed songs and music for

The Long March

Hey you down there.
Penny the price for your thoughts.
Hey you up there.

Penny the price for your thoughts.
We dreamed after our travels
Of Kennedy’s Gold

We dreamed after our travels
Of missionaries closed.
We dreamed after our travels
Of King Leopold.

Of missionaries closed.

Of Kennedy’s Gold
Of Kennedy’s Gold
Of Kennedy’s Gold

So please take my hand
So please take my hand
So please come take my hand
So please come give me your hand

We sing, we step,

Our clothes, we kept.
We count, we pray,
We count, the days.

We’re known, but not,
At home, we’re lost.
We sing, we step,
Possessions left.
We sing, we step,
Possessions left.
We sing, we step,
Possessions left.
We sing, we step,
Possessions left.

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